Biodiversité et entreprise, le point
Les entreprises sont de plus en plus confrontées à des enjeux environnementaux cruciaux, dont la préservation de la biodiversité. Cette problématique n’est pas seulement une question de responsabilité sociale : la biodiversité impacte directement et indirectement plusieurs aspects clés des activités d’une entreprise, de la production à la chaîne d'approvisionnement, en passant par la gestion des ressources. Mais alors, pourquoi et comment les entreprises doivent-elles se sentir concernées par la biodiversité ? Comment et pourquoi intégrer la biodiversité dans leur impact environnemental ?
Biodiversité et entreprise, des liens essentiels
La biodiversité assure des services écosystémiques indispensables à la vie économique et sociale, tels que la régulation du climat, la pollinisation des cultures, la purification de l’eau et la régénération des sols. Ces services représentent des avantages « gratuits » rendus par la nature, mais leur dégradation peut avoir des conséquences économiques majeures. Selon l’assureur Swiss Re, plus de 55 % du PIB mondial dépend de ces services.
Environ 35 % de la production alimentaire mondiale dépend de la pollinisation animale.
Exemple : La pollinisation et son impact économique
La pollinisation par les insectes, oiseaux et autres animaux est cruciale pour la production alimentaire. Cette contribution économique est estimée à plus de 200 milliards de dollars par an. Une perte de biodiversité pourrait mettre en péril certaines cultures et entraîner des conséquences graves pour les entreprises agricoles et agroalimentaires, dont les approvisionnements dépendent de ces processus naturels.
En Région Centre-Val de Loire, la biodiversité joue également un rôle essentiel dans l’industrie touristique, notamment à travers les paysages, la faune, la flore, ainsi que les ressources en eau (fleuves, rivières et étangs). La préservation de ces éléments naturels est indispensable pour maintenir l’attractivité touristique de la région. L'observatoire tenu par l'Agence de la Biodiversité (ici) permet d'observer, de compléter les connaissances et de suivre l'évolution de la faune et flore dans la région.
Protection de la biodiversité : un rôle à jouer pour les entreprises
Les activités humaines, et plus particulièrement celles des entreprises, peuvent avoir des effets délétères sur la biodiversité. Parmi les principaux impacts :
L’artificialisation des sols et la consommation excessive des ressources naturelles
L'urbanisation et le développement des zones d’activités industrielles entraînent la perte d'habitats naturels et la fragmentation des écosystèmes. En Centre-Val de Loire, la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers pour le développement de zones d’activités représente la perte de 1,5 terrain de football par jour entre 2009 et 2020 (Source : Agence régionale de la biodiversité).
La pollution de l’eau douce et de l’air
Les prélèvements d’eau pour des fins industrielles représentent environ 20 % de l’utilisation mondiale d’eau douce, ce qui peut affecter les écosystèmes aquatiques et réduire la disponibilité d’eau pour les habitats naturels. Les sécheresses de 2022 et 2023 ont notamment fait prendre conscience aux entreprises des conséquences de leurs prélèvements d’eau pour leurs processus industriels.
La déforestation et la pollution plastique
Selon l’IPBES, la pollution plastique a été multipliée par 10 depuis 1980, affectant des centaines d’espèces.
La déforestation liée aux activités industrielles contribue à la détérioration des habitats naturels et à la réduction de la biodiversité. Par ailleurs, la pollution plastique est en forte augmentation, avec des impacts irréversibles sur les écosystèmes marins et terrestres.
Les avantages d'une biodiversité intégrée dans l'entreprise
Les entreprises peuvent tirer parti de la biodiversité en la considérant non seulement comme un risque à gérer, mais aussi comme un allié stratégique. Une biodiversité bien intégrée peut améliorer la performance des entreprises, notamment à travers :
Une toiture végétalisée peut réduire de 75 % les besoins en climatisation et de 10 à 30 % les coûts de chauffage.
Installer des toitures végétalisées, façades végétalisées, ... un plus !
Des initiatives simples comme la végétalisation des toitures et des murs contribuent à la réduction des besoins énergétiques des bâtiments. En été, ces toitures peuvent réduire la température ambiante de plusieurs degrés, diminuant ainsi les besoins en climatisation, tandis qu’en hiver, elles retiennent la chaleur et réduisent la consommation énergétique. Ces solutions sont aussi de très bons atouts dans une stratégie d'adaptation au changement climatique. (Pour en savoir plus sur la question de l'adaptation au changement climatique; c'est ici.).
Au -delà d'un jardin de bureau ou de plantes vertes qui agrémentent certainement le quotidien, une politique de végétalisation de l'entreprise active plusieurs bénéfices durables pour les collaborateurs comme pour le site lui-même.
Réduire l'empreinte eau de l'entreprise
En plus du confort thermique qu’apportent les toitures ou parkings végétalisés, ces aménagements jouent un rôle clé dans la gestion de l’eau en entreprise. Bien pensés et anticipés, ils facilitent la collecte et le stockage des eaux pluviales, ouvrant la voie à des systèmes en boucle fermée qui permettent de réduire la consommation d’eau en entreprise et de limiter l’empreinte eau sur le territoire. En réinjectant cette eau non potable dans certains usages (nettoyage, procédés industriels…), l’entreprise diminue sa consommation d’eau et peut mieux estimer sa consommation d’eau réelle pour ajuster ses besoins. Une telle approche contribue directement à la résilience hydrique du site et au maintien des écosystèmes locaux.
Maîtriser sa chaîne d’approvisionnement : un enjeu clé pour les entreprises
L’économie mondiale consomme des volumes croissants de matières premières, souvent issues d’écosystèmes fragilisés. Intégrer la protection de la biodiversité dans sa stratégie d’achat permet non seulement de réduire son impact environnemental, mais aussi d’assurer la disponibilité de ressources dont dépend l’activité.
Diversification, traçabilité et choix durables
Diversifier les fournisseurs, privilégier des matières premières certifiées ou bénéficiant d’une obligation réelle environnementale, et réaliser un bilan matière précis devient indispensable pour comprendre l’origine, la qualité et la vulnérabilité des ressources utilisées. Ces pratiques renforcent la résilience de la chaîne d’approvisionnement et répondent aux exigences croissantes des clients comme des régulateurs.
Appui de bureaux d’études spécialisés
S’appuyer sur des bureaux d’études biodiversité permet d’identifier les zones à risque : surexploitation d’une ressource naturelle, tension hydrique locale, artificialisation des sols, dégradation ou dépollution des eaux nécessaire, conflits d’usage avec les écosystèmes. Ces analyses offrent une vision claire des dépendances et des menaces qui pèsent sur la chaîne d’approvisionnement.
Actions correctives et économie circulaire
Réutilisation des matériaux, éco-conception, diversification des matières premières, substitution par des ressources moins sensibles : autant de leviers pour réduire la pression sur les écosystèmes d’origine. En maîtrisant mieux l’état écologique des territoires d’où proviennent leurs ressources, les entreprises sont en mesure d’anticiper les ruptures, d’ajuster leurs achats et de sécuriser durablement leur chaîne d’approvisionnement. (Lire notre article dédié aux matières premières ici)
Biodiversité et impact environnemental : un moteur d’engagement interne
Quand une entreprise prend au sérieux son impact environnemental, la biodiversité devient un formidable vecteur d’adhésion. Elle transforme l’abstraction écologique en expérience quotidienne et nourrit une dynamique d’entreprise écoresponsable qui parle aux collaborateurs.
Végétalisation et fierté collective : quand le vivant entre dans l’entreprise
Dès qu’un site se végétalise — ombrières plantées, haies diversifiées, jardins de détente — le rapport au lieu change. Ces aménagements créent du confort, de la curiosité, parfois même un attachement inattendu. Le site de Servier à Gidy (45) en est une illustration forte : flore locale, habitats pour insectes et oiseaux, espaces de respiration en plein cœur du site. Ce type d’initiative, souvent construit avec le soutien d’associations environnementales locales, installe une culture du soin et rend l’environnement de travail plus vivant, plus inspirant.
Former et accompagner : structurer l’engagement environnemental
Pour ancrer ces pratiques, la formation biodiversité joue un rôle décisif. La Fresque de la Biodiversité est un excellent point d’entrée, mais elle peut être complétée par l’appui d’un consultant écologie ou d’un consultant biodiversité, capables d’aider l’entreprise à structurer son chemin vers une démarche globale d’engagement environnemental. On passe alors d’actions ponctuelles à une véritable culture de la biodiversité partagée par les équipes.
Vous l'avez compris, agir en faveur de la biodiversité est un choix stratégique pour les entreprises, tant du point de vue écologique qu’économique. En intégrant la biodiversité dans leur stratégie RSE, les entreprises non seulement réduisent leur impact environnemental, mais elles renforcent leur résilience face aux défis écologiques futurs et s'assurent une meilleure compétitivité.
Je passe à l’action :
Pour des propositions concrètes pour structurer votre démarche de transition écologique et bénéficier d’un accompagnement personnalisé, n’hésitez pas et prenez contact avec notre chargée de mission Transition Écologique Clémence Deback
Elle vous accompagne dans :
- L’identification de vos priorités.
- La mise en place d’une feuille de route pour répondre aux différents enjeux.
- La mise en relation avec des partenaires techniques et/ou financiers.
- Ainsi que le suivi de votre démarche, dans la durée.
